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An’Om & Vayn : “On essaie de faire en sorte que la voix et la prod’ s’emboîtent, ne forment qu’une seule pièce”

Joséphine ROGER 6 juillet 2021
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© Laureen Burton

Rencontre avec An’Om & Vayn, un duo musical complémentaire dont les morceaux sont un juste équilibre entre la chanson et le rap, mêlant mélodies électroniques et parenthèses acoustiques. Ensemble, ils inventent et façonnent un univers à leur image : hybride, sensible et porteur d’histoires à la fois percutantes et imagées.

An’Om & Vayn, comment vous êtes-vous rencontrés et comment votre duo s’est-il lancé ?

On se connaît depuis tout petits, on s’est toujours côtoyés. C’est vraiment une histoire de famille ! On a fait de la musique chacun de notre côté et on s’est retrouvés tous les deux en fac de musico’ il y a 4 ans. On s’est beaucoup rapprochés à partir de ce moment-là. Moi je faisais de la musique en solo, sous le nom de An’Om, et Vayn commençait à composer de son côté. C’est à cette période que notre binôme s’est créé et nous nous sommes lancés autour de septembre 2017.

Votre signature musicale est à la croisée du chant et du rap, sur des prods rythmées aux sonorités électro. An’Om, te présenter avec un flow à la fois cadencé et mélodieux s’est-il imposé à toi dès le départ ?

À la base je viens du chant plutôt variété, puis je me suis un peu étendu vers le pop-rock. Jusqu’à l’adolescence, je n’écoutais pas du tout de rap, ce n’était pas quelque chose qui m’appelait. J’ai apprécié avec le temps, en découvrant certains artistes comme Dinos et Médine. À l’époque, j’avais un prof de chant qui me disait : “Écris, tu as des choses à exprimer”. Et quand j’ai commencé à écrire, bien que je chantais déjà, j’ai débuté par un flow très “rap classique” pour m’approprier les bases. Puis dès que je me suis senti plus à l’aise, j’ai pu mélanger les techniques de chant, user du côté mélodieux que j’avais pour jouer sur certains phrasés. Ça s’est fait de manière assez naturelle mais je constate aujourd’hui que mon style de chant s’est perfectionné et que ce mélange des influences apporte vraiment quelque chose.

La prod’ vient toujours porter et révéler le texte avec subtilité et intensité. Comment enregistrez-vous les morceaux et comment s’opère cette symbiose entre la prod’ et le texte ?

On a pas réellement de “règle” là-dessus, c’est vraiment spontané, selon nos moods. Je pense qu’on sent cette symbiose parce qu’on crée tous les deux, de façon conjointe. Il nous arrive souvent d’être sur la même longueur d’onde, on capte la vibe de l’autre dès le début. On s’envoie respectivement ce qui nous inspire et même lorsqu’on travaille parallèlement, on finit toujours par retravailler ensemble par la suite. On essaie de faire en sorte que la voix et la prod’ s’emboîtent, ne forment qu’une seule pièce.

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An’Om, ta précision autour de la prosodie et de la diction favorise la compréhension et la mémorisation des morceaux. Est-ce important pour vous de mettre l’accent sur la sonorité du mot, de la syllabe, permettant d’ouvrir une dimension facilement poétique et mélodieuse à certains refrains ?

On met un point d’honneur à travailler la diction des mots avec Charles Debouit, notre ingénieur du son. On refait parfois la même prise des dizaines de fois avant d’avoir celle qu’on veut vraiment. Pour nous c’est la base du travail, d’autant plus qu’on a envie de proposer une musique accessible à toutes et tous, même les personnes non adeptes de ce style.

“J’suis le plus chanteur de tous les rappeurs” : cette phrase extraite du titre Rookie vous présente à travers cette figure de “nouvelle recrue” pugnace, accompagnée d’une prod’ puissante et entraînante. Que souhaitiez-vous personnellement transmettre à travers ce titre ?

Ça faisait 10 mois qu’on n’avait rien sorti, et c’était important pour nous de revenir avec des codes rap plus assumés. On a fait beaucoup de choses assez mélodieuses au fil du temps et on avait envie de rappeler qu’on faisait aussi parti du rap, bien que notre style soit hybride. On avait aussi envie de revenir sur un morceau le plus coloré possible, à notre image. On sortait d’un projet de 10 morceaux en 10 mois, qui était un bon exercice pour survoler différentes voies et explorer le champ des possibles de notre musique. Avec Rookie, on a voulu se recentrer à 100% sur ce qui fait notre identité. Ce morceau est un tournant plus assumé vers notre identité singulière tout en rappelant que oui, nous sommes des Rookies prêts à relever le défi (pour le côté ego trip du rap !).

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An’Om, l’écriture te permet de t’exprimer, le chant de “donner de la voix”. Glisser sur le terrain du rap te permet-il d’extraire de toi une énergie particulière, de t’affirmer, avec plus de force, de rage peut-être ?

Bien sûr, le rap offre des possibilités pour frapper différemment le public. Autant le chant, on sait qu’on peut mettre une claque par l’émotion qui passe par la technicité de la voix. Avec le rap, il y a un truc dans la façon dont les mots sont joués qui fait que ça percute différemment. On exprime plus facilement la colère, on perçoit plus facilement la douceur, selon certaines tournures. Le rap permet de démultiplier les émotions et je trouve ça intéressant d’en faire usage à certains moments d’un morceau.

Votre titre Astronaute, en collaboration avec l’ingénieur son de Disiz, a connu un succès fulgurant. C’est aussi l’un de vos plus longs morceaux, avec 7 minutes d’écoute, dans lequel vous dévoilez l’étendu de votre panel vocal et musical. Pouvez-vous nous toucher quelques mots du processus de création autour de ce titre symbolique de votre parcours ?

Notre morceau Astronaute a connu un processus de création unique. C’était la première fois qu’on travaillait avec notre ingé, Charles Debouit, dans son studio parisien. C’est le titre qui nous a permis de le rencontrer, et on travaille avec lui plus que jamais depuis ce jour ! C’était fou, on était comme des gamins… Le morceau avait pris 8h d’enregistrement et 2 mois de création en amont, car on avait la volonté de créer un morceau long dans lequel on mettrait toutes nos tripes pour se présenter au monde. Ce morceau est singulier tant sur le plan sonore qu’au niveau de sa conception, on savait déjà qu’on ferait deux parties, mais l’idée de l’acoustique est arrivée après. Ce retour au calme dans la seconde partie nous a permis de revendiquer une part de notre identité qui nous a rassemblés dans nos débuts. Astronaute est notre premier morceau ayant passé les 100 000 écoutes, puis le million, c’était irréel ! Il nous a ouvert beaucoup de portes et nous permet aujourd’hui de travailler notre musique dans une super dynamique. Pour toutes ces raisons, et aussi parce qu’il accompagne les gens dans leurs soirées, délires, moments de joie et de peine, c’est LE morceau symbolique de notre discographie.

Votre dernier titre, Tortuga, nous fait voyager sur des notes estivales et témoigne de votre recherche autour de l’image et de la mise en scène. Pouvez-vous nous parler du travail audiovisuel engagé autour de vos derniers clips ?

Avec ces deux nouveaux titres, Rookie et Tortuga, on a cherché à pousser le travail sur notre univers visuel un peu plus loin. En collaboration avec notre équipe proche (Martin notre manager et Jules qui s’occupe de la DA visuelle), on a eu une longue réflexion sur l’identité que l’on voulait défendre dans ces clips. On a pu compter sur Damien Maubert, le réalisateur, pour mettre en image tout ce qu’on avait dans la tête, et pour y apporter son savoir-faire afin de rendre le meilleur produit possible ! On pense qu’il était important de revenir fort avec ces deux clips produits par Pelican Paris, et de se démarquer par notre travail sur l’image. Comme vous l’avez sûrement vu, on a essayé de placer quelques indices et des éléments récurrents, en lien avec notre communication digitale qui repose également sur un jeu constant avec nos abonnés. Il s’agissait de proposer à nos auditeurs un véritable projet audiovisuel à part entière avec une histoire liant les clips… Affaire à suivre !

Y aura-t-il bientôt des occasions pour vous de remonter sur scène, d’aller à la rencontre de votre public ?

Des dates arrivent petit à petit. On commençait à bien tourner avant la pandémie, dans plusieurs villes où le public était, à notre grand plaisir, au rendez-vous. Ça nous tient aussi à cœur de continuer à nous produire dans notre région natale. On est actuellement sur une période de production assez intense en studio, mais certains concerts sont en prévision ! On a hâte de retrouver toutes ces personnes qui nous donnent de la force au quotidien.

Retrouvez An’Om& Vayn sur leurs pages Instagram. Pour les écouter et les suivre : rendez-vous sur leurs plateformes d’écoute !

Propos recueillis par Joséphine Roger

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